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Cours aux internes


Pendaison

 

Définition

" La pendaison est un acte de violence par lequel le corps, pris par le cou dans un lien attaché à un point fixe et abandonné à son propre poids, exerce sur le lien suspenseur une traction assez forte pour amener brusquement la perte de connaissance, l'arrêt des fonctions vitales et la mort " Thoinot.


Généralités

La pendaison demeure un mode de suicide efficace encore fréquent dans les milieux ruraux, carcéraux et psychiatriques. La rapidité de ses effets explique que 70% des pendus sont décèdes avant l'arrivée des secours et que la moitié des survivants meurent secondairement, d'où l'urgence de la prise en charge (700 morts par an).


Physiopathologie

La région cervicale est la voie de passage de la vascularisation cérébrale, des voies respiratoires et des éléments essentiels du système nerveux. Les forces de traction ou de compression exercées au niveau du cou par le lien sont directement responsables des lésions rencontrées.


Mécanismes

La strangulation implique une force extérieure s'appliquant perpendiculairement à l'axe du cou.

  1. Elle est dit complète (70% des cas) si le sujet a les pieds dans le vide et le poids du corps repose entièrement sur ce lien. En cas de précipitation, le décès est quasi immédiat. Les lésions observées sont cervicales et médullaires.
  2. Elle est incomplète (30% des cas) si une partie du corps repose sur un point d'appui.


La force de striction est constituée par le poids du patient et sa répartition est inégale en fonction de la position du nœud.

- Le nœud est antéro-postérieur : Ce sont des pendus blancs, car il y a un arrêt total de la circulation cérébrale. Il existe une pression maximale entraînant une ischémie brutale, par compression de la bifurcation carotidienne homolatérale.

- Le nœud est en position latérale : Ce sont des pendus bleus, avec hyperhémie de la face, car il y a un arrêt de la circulation artérielle, du côté du nœud, avec une ischémie progressive et conservation du retour veineux du côté opposé.


De plus, l'action compressive sur les structures cervicales est fonction du poids :

- un poids de 2 kg entraîne une compression des veines jugulaires,

- un poids de 5 kg entraîne une compression des carotides, avec refoulement de la base de la langue dans le pharynx, d'où œdème pharyngé,

- Un poids de 30 kg entraîne une compression des artères vertébrales.


Clinique

L'anoxie cérébrale débute dès la première seconde, il existe une perte de conscience immédiate. Un œdème cérébral se développe rapidement avec un risque d'arrêt cardiaque anoxique précoce.


Il faut distinguer 2 cas:

  • le pendu est en arrêt cardio-respiratoire

l'examen clinique est réalisé en même temps que les manœuvres de réanimation

  • il n'existe pas d'arrêt cardio-respiratoire

Asphyxie : Les lésions observées, résultent d'une hypoxie, d'une hypercapnie et d'une ischémie cérébrale entraînant un œdème cérébral.

Troubles neurologiques : Ce sont essentiellement des lésions d'étirement de la mœlle et du plexus brachial. Il existe une possibilité de compression des nerfs récurrents et des nerfs pneumogastriques. Dans la plupart des cas, la souffrance cérébrale est majeure.

Lésions laryngées : L'obstruction de la partie postérieure du pharynx par la base de la langue provoque une obstruction du larynx, avec œdème laryngé précoce, d'où dyspnée laryngée.

Les lésions cardio-vasculaires : Il existe une instabilité de l'état hémodynamique en rapport avec des troubles neurovégétatifs et plus rarement, avec une défaillance cardiaque.

Atteinte cervicale : tout pendu est un traumatisé du rachis cervical.


Conduite à tenir


A noter : En cas de doute, du fait de la putréfaction du cadavre et de l'absence de preuves du passage à l'acte, laisser la responsabilité aux autorités compétentes (O.P.J.)


Couper la corde ! !


Il faut rapidement interrompre la suspension en soutenant tout le corps et couper le lien, tout en respectant l'axe tête-cou-tronc (traumatisé du rachis).
Défaire le lien potentiellement source de garrot veineux dans un sillon profond.
Etendre la victime sur un plan dur, en respectant l'axe du rachis cervical. Pose d'un collier cervical.
Soit le patient est en arrêt circulatoire et respiratoire, on entreprend MCE et ventilation artificielle.
Soit ventilation et circulation persistent, le traitement est spécifique en plus de l'oxygénation (corticoïdes, BZD, intubation ventilation, Nesdonal, Mannitol…).


En l'absence d'arrêt cardiaque initial, 80% de guérison sans séquelle. Dans le cas contraire pronostic sombre avec séquelles neurologiques.


Toute victime de pendaison doit être hospitalisée.


Elle se fait en soins intensifs.

La recherche s'oriente sur l'endoscopie du larynx, le doppler cervical des vaisseaux du cou, les radiographies du rachis cervical et pulmonaire, la TDM cérébrale et la recherche de toxiques.


Importance de la prise en charge psychologique et psychiatrique.


Conclusion

L'essor de la médecine d'urgence a permis d'améliorer la prise en charge rapide des pendus. Mais les délais sont courts pour la mise en route des manœuvres de réanimation efficaces. L'attitude du ou des premiers témoins conditionne souvent le pronostic. C'est une urgence extrême de pronostic sombre. L'amnésie et les séquelles psychologiques sont fréquentes.


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Créé le 20 décembre 2001

Mise à jour le 10/02/2002

Responsable du site : Nicolas BRIOLE

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