TRAUMATISMES
ABDOMINAUX
Les traumatismes abdominaux (TA) regroupent des lésions
intra-péritonéales (organes pleins ou creux) et
rétro-péritonéales. Le problème
de lurgence est de déterminer la localisation de
la lésion (chirurgicale si intra-péritonéale).
Les traumatismes
fermés sont plus difficiles à diagnostiquer que
les TA ouverts (évidence). Leur pronostic est donc plus
grave.
I) Causes :
1) Plaies pénétrantes
de labdomen :
Elles sont la conséquence
dun agent vulnérant (arme blanche ou arme à
feu) et sont définies par leffraction de la barrière
péritonéale avec ou sans atteinte viscérale.
Les lésions ont en général localisées
au point dimpact ou sur le trajet de la lésion
de lagent vulnérant.
Toute plaie abdominale
comporte au moins un orifice dentrée et parfois
un orifice de sortie. Il est important de recontruire le trajet
de lagent vulnérant afin de prévoir les
organes susceptibles davoir été atteints.
- Les organes pleins
présentent deux caractéristiques propres :
* si atteinte dun
gros vaisseau, le pronostic sera lié à cette lésion
quel que soit le type de projectile. Le pronostic est lié
aux conséquences hémorragiques.
- Les organes creux
: manquant délasticité, la présence
dune cavitation provoquant un éclatement local
est responsable dune nécrose péri-lésionnelle.
Le mécanisme de compression et dexpansion des gaz
peu entraîner une rupture des parois du viscère.
La découverte en est parfois retardée avec des
symptômes de péritonite.
En cas de plaie pénétrante
de labdomen, ce sont les organes creux qui sont le plus
souvent atteints (contrairement aux traumatismes fermés).
La mortalité
est plus élevée pour les plaies par projectile
que par arme blanche.
2) Traumatismes fermés
de labdomen :
La cause la plus
fréquente est les AVP (50 % des TA fermés) (20
à 30 % de mort). Il est à noter que le port de
la ceinture de sécurité na été
responsable daucun décès par TA.
La deuxième cause est constitutée par les chutes,
les incarcérations, les accidents de sport et les rixes
( Au moins 20 % sont des tentatives de suicide ).
Les TA fermés
peuvent être la conséquence dun choc direct,
dune décélération ou dun blast.
Le choc direct détermine une lésion en regard
de limpact ou à distance par mécanisme de
contre-coup.
Les traumatismes
par décélération sont souvent causés
par des accidents de circulation à grande vitesse ou
par des chutes de grande hauteur (lésions par déchirement,
étirement, ou rupture).
Les lésions
par blast sobservent après une explosion violente.
Elles sont le plus souvent pulmonaires, mais peuvent toucher
les organes creux abdominaux.
Les lésions
spléniques et hépatiques sont les plus fréquentes
(40 et 35 %).
Les lésions dorganes creux et du diaphragme sont
rares (inférieure à 10 %).
Les lésions vasculaires sont exceptionnelles, mais le
plus souvent mortelles.
II) Diagnostic :
Il a été
considérablement modifié par léchographie
et la tomodensitométrie (TDM).
Des lésions hémorragiques même minimes peuvent
être diagnostiquées dans tous les cas. Ceci remet
en cause le caractère absolu dindication chirurgicale
lors dun hémopéritoine.
Lindication
de la méthode diagnostique est essentiellement liée
à létat du malade (un malade hémodynamiquement
instable ne pourra bénéficier dun scanner
alors que léchographie et/ou la ponction dialyse
péritonéale (PLP) pourront être effectuées.
Le problème essentiel est de distinguer la lésion
chirurgicale de la lésion non chirurgicale (hématome
rétro-péritonéal).
Lexamen clinique
est souvent difficile surtout en présence de troubles
de conscience ou de traumatismes rachidiens. Les signes dhémopéritoine
(douleur irradiant dans les épaules, défense,
matité des flancs
) sont absents dans la moitié
des cas.
Les arguments décisionnels
sont essentiellement hémodynamiques.
Quel que soit le
degré durgence, la radiographie de thorax et lASP
doivent être faits dès larrivée du
malade (une radio thoracique normale en présence dun
état de choc est un argument pour une lésion abdominale).
1) La ponction lavage péritonéale (PLP) :
Examen simple présentant
peu de contre-indications, deux techniques sont utilisées
:
- introduction dun cathéter à laveugle
dans la cavité intra-péritonéale.
- introduction dun cathéter à ciel ouvert
par mini-laparotomie (plus longue et plus difficile à
réaliser).
Dans tous les cas,
le cathéter doit se diriger dans le cul-de-sac de Douglas.
Résultats
:
- présence
de sang spontanément ou à la simple pression de
labdomen : très en faveur dun hémopéritoine,
- la ponction ne
ramène pas ou peu de sang : lavage avec 500 à
1000 cc de serum physiologique et étude du liquide récolté
:
- liquide clair :
hémopéritoine éliminé formellement,
- liquide rosé : si le taux de globules rouges est supérieur
100 000/mm3 = hémopéritoine.
La PLP est remise
en question car donne lieu à de nombreux faux positifs
de plus elle fausse léchographie ou la TDM. Elle
est globalement peu utilisée et dépend essentiellement
des habitudes du médecin et des moyens dinvestigation
dont lhôpital dispose.
2 )Léchographie
:
Non invasive et réalisable
au lit du malade. Elle permet de rechercher un épanchement
intra et éventuellement rétro-péritonéal
et lanalyse des lésions parenchymateuses (rate,
foie, reins).
Elle dépend
cependant de lexpérience de léchographiste.
Elle ne permet pas danalyse des organes creux, du mésentère,
ou de la fonction rénale. Elle doit être pratiquée
avant un lavage péritonéal.
Elle permet danalyser
les lésions dorganes : hématome sous-capsulaire,
hématome intra-parenchymateux, contusion.
3) Tomodensitométrie
(TDM) :
Elle se place au
premier plan dans les TA, car elle permet dexplorer le
péritoine, le rétro-péritoine et lespace
sous péritonéal.
Linjection
diode (50 à 60 ml) permet dapprécier
la valeur fonctionnelle des parenchymes et de distinguer contusion
de dévascularisation.
Elle permet de faire
le diagnostic dhémo-péritoine et den
préciser labondance et son étendue vers
lespace pelvien.
Les structures parenchymateuses
sont également bien explorées par la TDM.
4)Artériographie
:
Ne doit senvisager
que si elle doit déboucher sur un geste dembolisation
(proposer au malade instable hémodynamiquement en rapport
avec un hématome rétro-péritonéal).
III) Stratégie thérapeutique :
Les indications de
la laparotomie reposent sur la présence dun épanchement
péritonéal, mais le moment de la laparotomie dépend
essentiellement de létat du malade et des résultats
des explorations radiologiques.
Lobjectif est
de maintenir un état hémodynamique stable.
Parfois, le remplissage seul peu suffire (lésions peu
sévères) ;
1) Pantalon anti-choc
:
Elève la tension
chez le patient hypovolémique, a un effet hémostatique
sur les plaies sous-diaphragmatiques, mais augmente la contribution
thoracique à la ventilation, cest pourquoi les
indications de la ventilation mécanique doivent être
très larges.
Attention au dégonflage
du pantalon qui peut entraîner un collapsus sévère
voir un ACR par désamorçage hypovolémique.
Donc, dégonflage au bloc opératoire sous remplissage
vasculaire, progressif, débuté par le compartiment
abdominal.
2) Ballonnet intra-aortique
:
Consiste a introduire
par voie fémorale une sonde munie dun ballonnet
distal et de le gonfler au dessus du tronc cliaque. Cette
technique est risquée et peu utilisée. Dans tous
les cas, le ballonnet doit être gonflé temporairement.
3) Stratégie
:
Mis à part
les hémopéritoines massifs liés le plus
souvent à des traumatismes hépatiques ou vasculaires
et que le remplissage a du mal à compenser, le bilan
lésionnel est souvent possible.
Au terme de ce bilan,
deux situations sont possibles :
- intervention immédiate
ou abstention momentanée. Dans ce cas, la surveillance
ne senvisage que dans une unité de réanimation.
Cette surveillance repose essentiellement sur létat
hémodynamique.
4) Conclusion :
La stratégie
diagnostic et thérapeutique face à un TA reste
guidée par létat hémodynamique du
patient et les moyens dont on dispose.
La TDM semble être
lexamen le plus susceptible de localiser lorigine
et la cause du saignement. Cest également le seul
examen permettant le diagnostic des lésions dorganes
creux.
Au total, le taux de laparotomie reste aux alentours de 30 %
et le nombre de patients opérés secondairement
(supérieur à 24 heures) a diminué.
CONDUITE
A TENIR SUR LES LIEUX DE LACCIDENT
Idem aux Traumatismes Thoraciques
sans oublier le pantalon anti-choc
qui est contre-indiqué dans les traumatismes thoraciques.
A
LARRIVEE AUX URGENCES
Idem, ne pas ôter le pantalon anti-choc (+++)