TRAUMATISMES
THORACIQUES
Cest une pathologie
fréquente et grave dont le pronostic a été
amélioré par la réanimation. On oppose
les traumatismes thoraciques (TT) fermés qui sont traités
par les réanimateurs et les TT ouverts traités
par la chirurgie thoracique en urgence.
1) Les mécanismes
:
Ils sont au nombre
de trois :
- choc direct : provoque
essentiellement des lésions pariétales et parenchymateuses
ainsi que des lésions des organes sous-jacents.
- décélération
: ce mécanisme est prépondérant car il
existe une différence de densité importante entre
le parenchyme pulmonaire et le médiastin. Cette décélération
est responsable de dilacération pulmonaire, de ruptures
bronchiques et de lésions vasculaires (aorte en particulier).
- blast : (propagation
dune onde de choc) induit des lésions parenchymateuses
étendues.
2) Lésions pleurales et diaphragmatiques :
a) Rappel anatomique
et physiologique : (cf cours)
b) Hémothorax
:
Ses origines sont
multiples (plaies de petits vaisseaux pariétaux, lésions
médiastinales, dilacération pulmonaire).
Ses conséquences physiopathologiques sont liées
à son abondance (spoliation sanguine + hypoxémie).
- Diagnostic : Il
est essentiellement clinique et radiologique (attention aux
radios en position allongée).
- Traitement :
Il dépend
de son abondance.
Drain thoracique
(sécurité et aseptie stricte). Il est indispensable
de pratiquer une radiographie pulmonaire avant le drainage afin
déviter le piège de la hernie diaphragmatique.
Le drain seul suffit dans la majorité des cas.
Quand lhémothorax
est supérieur à 2 litres ou supérieur à
500 ml/heure, on suspecte une lésion de gros vaisseaux.
Le traitement dépend alors de la chirurgie par thoracotomie.
Il est important de penser à employer lautotransfusion.
c) Le pneumothorax
:
Très fréquent
dans les TT.
- Causes : - brèche
pleurale,
- déchirure parenchymateuse,
- lésion trachéobronchique ou sophagienne.
- Gravité
:
Elle est liée
à limportance de lépanchement gazeux
qui peut entraîner, s il est très important
une suffocation (agir très vite dans ce cas : drainage
thoracique).
- Diagnostic :
Essentiellement clinique
(distension thoracique, tympanisme, emphysème sous-cutanée)
Il est aussi radiologique (celle-ci doit dailleurs être
faite avant tout acte thérapeutique sauf si suffocation).
- Traitement :
Drainage thoracique
systématique chez tous les patients en ventilation artificielle
quelle que soit la taille de lépanchement.
Si lépanchement
persiste, si le drain bulle toujours, cest quil
existe une brèche pulmonaire et/ou trachéobronchique.
On fait alors appel à la chirurgie cardio-thoracique.
3) Hernies diaphragmatiques :
Elles sont plus fréquentes
à gauche quà droite.
Elles sont dues à
une compression abdominale violente qui induit une hernie dun
ou plusieurs organe abdominal dans le thorax.
Faire très attention, ce diagnostic est très trompeur,
les signes cliniques peuvent seulement se réduire à
une détresse respiratoire ou à un choc hypovolémique
(dû dans ce cas à une lésion dorgane
plein).
- Diagnostic :
La clinique napporte
rien.
La radiographie pulmonaire est essentielle, mais parfois difficile
à interpréter quand un hémothorax est également
présent. On peut compléter les investigations
par une échographie ou un scanner. Sil on a un
doute sur la place de lestomac, on pourra mettre une sonde
gastrique et lopacifier (baryte).
- Traitement :
Eviter absolument
une lésion des organes herniés.
Abord chirurgical par voie abdominale, voir par voie thoracique
si impossibilité.
Sil y a présence dune plaie au niveau thoracique,
le traitement est la chirurgie thoracique demblée.
4) Lésions
trachéobronchiques :
Elles sont rares
et le diagnostic est souvent retardé.
- Trachée
plus bronches souches : détresse respiratoire + fuites
aériennes très difficiles à traiter en
urgence.
- Lésions
plus distales : pneumothorax récidivant, atélectasies
persistantes, dissociation visible dun lobe pulmonaire.Dans
ce cas, on rencontre souvent des hémoptysies et un emphysème
sous-cutanée.
- Ruptures sophagiennes
: elles ressemblent aux lésions trachéales et
sont exceptionnelles sauf si la plaie est pénétrante
(plaie par arme à feu). Le diagnostic est tardif devant
un emphysème sous-cutanée cervical et parfois
une détresse respiratoire aiguë. La radio pulmonaire
montre un élargissement du médiastin supérieur
et parfois un épanchement thoracique hydro-aérique
infecté (médiastinique).
5) Lésions
pariétales et volets thoraciques :
Les fractures costales
sont très fréquentes dans les TT (plus fréquentes
chez le sujet âgé). Leur diagnostic est facile
(douleurs à la toux et à la palpation). Elles
sont parfois difficiles à voir sur les radiographies.
Limportance
de ces lésions est surtout liée à la douleur.
Le problème essentiel des fractures de côtes est
le volet thoracique.
a) Physiopathologie
:
Le volet thoracique
est une double série de fractures de côtes qui
peut siéger à la partie postérieure latérale
ou antérieure du thorax. Ils sont classés en fonction
de leur stabilité.
- impacté et immobile,
- engrainé et susceptible de se déplacer,
- mobile, cest alors que lon rencontre la fameuse
respiration paradoxale qui est un mouvement inverse du volet
en comparaison avec le reste du thorax lors de la ventilation.
Lhypoxie, la
baisse de la compliance thoracopulmonaire et la diminution de
la capacité résiduelle fonctionnelle sont liées
aux lésions pariétales et des tissus sous-jacents
et non comme on le croyait avant au volet thoracique lui-même
et à sa respiration paradoxale. (donc dues à la
contusion pulmonaire).
Le volet thoracique
crée essentiellement une douleur insupportable responsable
de lhypoventilation et de lencombrement bronchique,
puis épuisement par augmentation du travail respiratoire.
- Traitement : la
ventilation assistée nest pas toujours souhaitable
car source dinfection. Elle est discutée selon
la tolérance clinique, gazométrique et la présence
de lésions associées.
Lanalgésie a un rôle prépondérant.
Il sagit dune analgésie loco-régional
par bloc intercostal étendu (anesthésie intra-pleurale
par anesthésiques locaux après drainage thoracique).
Lanalgésie péridurale a sa place, mais pas
dans le cadre de lurgence (risque dhypotension).
6) Contusion pulmonaire
:
a) Diagnostic :
Lésion fréquente
dont le diagnostic est souvent difficile.
Cest la découverte
à la radiographie dune zone opaque qui y fait penser.
Elle est dapparition précose et souvent évolutive.
b) Physiopathologie
:
Elle a un rôle
prépondérant dans la génèse de linsuffisance
respiratoire aiguë des TT.
Anatomiquement : Il sagit dune destruction alvéolaire
et vasculaire avec atélectasie congestive et dème
alvéolaire hémorragique. Elle évolue souvent
par augmentation de ldème local qui guérit
spontanément ou saggrave avec nécrose et
fibrose.
La contusion est peu hypoxémiante, par contre cest
ldème qui est à lorigine de
lhypoxémie.
c) Traitement :
Une contusion pulmonaire
étendue avec insuffisance respiratoire aiguë nécessite
la ventilation contrôlée en PEP qui diminue lhypoxémie
liée à leffet shunt péri-contusionnel.
La VS PEP ou CIPAP sont préférables quand elles
sont réalisables.
On peut également utiliser la ventilation à poumons
séparés.
Ne pas oublier la réanimation circulatoire.
7) Les lésions
cardio-péricardiques :
a) Plaies du cur
:
Fréquentes
dans les plaies par arme à feu ou arme blanche.
Diagnostic systématiquement
évoqué si limpact est dans laire précordiale.
(signes cliniques évidents : tamponnades, choc hypovolémiques,
troubles de conduction cardiaque).
- Traitement :
Chirurgie cardiaque.
b) Traumatismes fermés
:
De diagnostic plus
difficile : fréquent lors des TT antérieurs .
ECG (systématique dans tout TT) : ischémie ou
lésion non systématisée.
Autres examens : échographie, scintigraphie, et angiographie.
8) Lésions
des gros vaisseaux médiastinaux :
Ils sont dominés
par les lésions de listhme aortique (IA), ils sont
responsables de mort précoce dans les TT graves ou chez
les polytraumatisés.
Nous nous intéresserons aux lésions aortiques.
a) Physiopathologie
:
Le mécanisme
est la décélération qui provoque un étirement
antéro-postérieur de lIA (entraîné
en avant par la masse du myocarde), retenu en arrière
par laorte descendante solidaire du rachis. Cest
donc la zone privilégiée détirement,
dilacération ou de rupture.
b) Eléments
diagnostics :
- anamnèse
: décélération, chute de grande hauteur,
- clinique : asymétrie des pouls, voir tamponnade,
- examens cliniques : radio thoracique, aortographie, tomodensitométrie.
- langiographie est lexamen de certitude diagnostic.
- la tomodensitométrie est très discuté
en urgence, car elle est peut précise sur lorigine
du saignement.
c) Traitement :
- Chirurgie thoracique
+ réanimation.
9) Conduite à
tenir en urgence :
Elle est très
variable selon le degré durgence, parfois seule
une radio thoracique est possible du fait de la rapidité
à intervenir.
a) Détresse
circulatoire prépondérante :
- hémothorax
très probable,
- lésions extra-thoraciques.
Remplissage vasculaire
par macro-molécules, (puis par autotransfusion), puis
par culots globulaires.
Drainage thoracique
: permet en plus lévaluation de limportance
de lhémorragie et sa surveillance (dont dépendra
la thoracotomie).
- Pneumothorax compressif
et tamponnade : ponction de sauvetage et drainage,
Si le malade est
en arrêt cardio-respiratoire à larrivée,
il faut pratiquer une thoracotomie de toute urgence (permet
de sauver à faible pourcentage le patient).
b) Détresse
respiratoire prépondérante :
Assez fréquente,
souvent due à lobstruction des voies aériennes
supérieures, à un épanchement pleural très
important, à un délabrement pariétal, à
des lésions parenchymateuses pulmonaires énormes.
CAT : libération
des voies aériennes supérieures, drainage, intubation
dindication large.
CONDUITE
PRATIQUE SUR LES LIEUX DE LACCIDENT
I) Circonstances :
AVP, défénestré,
plaie par arme à feu, plaie par arme blanche.
II) Rechercher :
Cyanose, sueurs,
tirage, tachycardie, hypotension, pâleur cutanée,
impossibilité à parler, plaie éventuelle.
III) Prendre systématiquement
:
Pulsations et tension
artérielle aux deux bras, oxymétrie pulsée,
monitorage cardiaque et tensionnelle, fréquence respiratoire
(ne pas oublier maintient de laxe tête-cou-tronc).
IV) Faire :
- Systématiquement
un ECG, une auscultation minutieuse, une palpation de la paroi
thoracique et cervicale à la recherche dun emphysème
sous-cutanée et de fracture de côtes.
- Déshabiller complétement.
- Poser deux voies veineuses de gros calibre (minimum 18 gauges)
avec des macro-molécules et un glucosé à
5 %, en profiter pour pratiquer des prélévements
sanguins (minimum NFS, Groupe, Rhésus, RAI, TP, TCA)
à transmettre à lhôpital daccueil
le plus rapidement possible et pour pratiquer deux hémocues.
- Mettre un masque à oxygène à haute concentration.
- Surveillance étroite de lévolution :
- hémodynamique : remplissage +/- autotransfusion,
- respiratoire : intubation +/- ventilation après drainage
thoracique.
- Transport demi-assis médicalisé dans un matelas
coquille.
A
LARRIVEE AUX URGENCES
I ) Sassurer de la présence sur place :
- du médecin
urgentiste,
- du médecin réanimateur +/- son interne,
- de deux infirmières au moins ou une infirmière
et dun ASH,
- des internes de chirurgie orthopédiques et viscérales,
- du radiologue.
Le laboratoire sera alerté de limminence dexamens
urgents à réaliser.
I I) En pratique :
- garder le coquille
si doute sur une fracture de rachis,
- déshabiller si cela nest pas fait,
- nettoyer le patient,
- mise en place du monitoring (pouls, TA, Sp O2),
- vérifier les voies veineuses,
- faire un prélévement sanguin sil na
pas pû être fait,
- préparer les KIT de drainage thoracique et dintubation
(+ aspiration murale et ventilateur)
- refaire un ECG,
- faire une radiographie thoracique au lit,
- faire si besoin une échographie au lit,
- commander les culots globulaires et les vérifier.